Compte rendu du meeting Zebrafish

A la demande générale de MarieShani Pinkfear, je vais vous faire un petit résumé de ma semaine au Zebrafish school à Helsinki. C’était une semaine de séminaire et cours pratiques sur l’utilisation du zebrafish (le poisson zèbre ou encore le danio rerio, trouvable très facilement dans tout magasin d’animaux qui vend des poissons). J’avais pas mal twitter sur le contenu du séminaire sans aller dans les détails poussés. Dans ce résumer, je vais faire un bref compte rendu de ce que j’y ai appris sans entrer dans les détails, puis apporter quelques informations et brève de comptoir qui m’ont marqué.

Niveau contenue des conférences (1 intervenant interne, 3 intervenants extérieurs dont 2 récurant) et travaux pratiques, on a eu beaucoup d’éléments de base sur le poisson. Son système locomoteur et comment le filmer, comment les maintenir dans des conditions optimales, les faire reproduire, récupérer les œufs, faire des injections à l’intérieur du jaune d’œuf (qui se dit yolk en anglais, chose découverte durant ces cours) etc. Donc pas mal de pratique et théories générales sur ce poisson ou plutôt sur les larves de zebrafish est c’est là, l’une des critiques que je vais faire plus tard dans le billet.

Puis nous avons eu la partie plus technique et scientifique concernant l’utilité du zebrafish en recherche. Le zerbrafish est un vertébré, il a donc énormément de points communs avec l’être humain. Il y a des structures du système nerveux bien conservées, des neurotransmetteurs et hormones identiques et des gènes en commun avec l’être humain, mais ça reste évidemment un poisson, donc tout n’est pas développé en matière de cerveau, et il y a évidemment beaucoup de différence aussi en terme de système nerveux etc. Mais comme pour tout modèle animal, ils servent à répondre à une question précise et sur un aspect précis d’une maladie humaine. Quoi qu’il en soit, une mutation chez le zebrafish (malheureusement je ne me rappelle plus de laquelle) a permis d’identifier le gène impliqué dans une maladie génétique rare chez l’Homme, donc oui, l’utilisation du zebrafish est utile en fonction des questions posées et maladies étudiées. Aussi, par exemple, le dernier intervenant bosse sur les gènes et protéines liés à la pigmentation (gène MITF et COX), une mutation dans MITF chez l’Homme entraine un grave problème de pigmentation et/ou non accompagné de surdité, c’est le syndrome de Waardenburg de type II (la page wikipedia FR est vraiment incomplète, du coup voici la version anglaise sur ce syndrome), chez le poisson zèbre, la mutation de ce gène entraine aussi une non pigmentation. Donc l’étude de ce système et de la régulation de la pigmentation chez le poisson zèbre permet de comprendre son fonctionnement et surtout de trouver des cibles thérapeutiques pour les personnes souffrantes de ce syndrome ou d’ailleurs d’autres types associés à ces gènes/protéines.

Là, où techniquement, c’est un plus, concerne l’aspect génétique. Il est très facile de supprimer l’activité d’un gène (utilisation de morpholino, qui sont des ARN non-sens, donc en se fixant à l’ARN voulu, ils vont empêcher leur traduction et donc de créer la protéine en question). Il est possible de faire de l’optogénétique, qui est de marquer un gène voulu avec un gène lié à une opsine (sensible et s’active ou s’éteins en fonction de la longueur d’onde de lumière utilisé). Donc une fois le modèle génétique construit, un flash lumineux permet de révéler l’activité du gène lié à cette opsine. Aussi les larves de ce poisson sont transparentes et donc il est très simple de visualiser les marqueurs phosphorescents associés à l’activation des gènes voulus. Bref, on peut utiliser plusieurs techniques de modification génétique chez le zébrafish. Enfin, ce poisson est petit donc ne prends pas de place en terme de stockage, ça peut produire pas mal d’œuf d’un coup, c’est facile d’en avoir énormément et d’en produire au laboratoire etc, donc facilité et coût réduit comparé à des rats par exemple. Mais ça ne peut pas et ne remplacera pas l’utilisation du rat ou de la souris.

J’ai apprécié cette semaine de conférence, mais deux trois points seraient à revoir d’après mois. Nous avions des chercheurs qui étaient uniquement et seulement intéressait par les larves de ce poisson. Ce qui est en soi est très intéressant, mais au final on a rien eu sur le poisson adulte, pas d’exemple de recherche à son sujet, pas d’info à son sujet, rien sur son développement du système nerveux ou cancéreux ou ce que vous voulez. On est resté au stade larvaire. Maximum 7 jours post fécondation. Super ! Alors que justement il y a aussi tant de chose à apprendre sur l’évolution du système nerveux par exemple. Car au stade larvaire, c’est très primitif hein, ce sont majoritairement des comportements stéréotypés, le cerveau n’est pas développé, le système sensoriel est « développé » et encore qu’à partir de quelques jours après fécondation, bref rien de bien folichon quoi.

J’ai en fait, appris que s’ils utilisent que la larve, c’est parce qu’il n’y a pas besoin d’autorisation pour l’utilisation expérimentale du zebrafish jusqu’à 7 jours. Donc avant 7j (ou rien n’est développer quoi), il est possible de faire des expériences sont avis des comités d’éthiques. Après 7j il le faut. Sauf que comme dit, le stade larvaire ce n’est pas développé du tout et donc oui, ça permet de répondre à pas de question (lié au développement, pigmentation, localisation des régions contenants la production de certain neurotransmetteur etc) mais en rien sur le comportement, ni sur du long terme ou chronique (toxicité, étude du développement nerveux à l’âge adulte en fonction de différents facteurs etc).

Le truc, c’est qu’ils sont tellement bornés dans les larves de poisson que lorsque j’ai osé dire qu’il serait intéressant de voir sur du long terme avec des poissons adultes, l’un m’a répondu « i don’t care about adult fish ». Je me suis dit « Pff encore un chercheur qui pète plus haut que son cul et ne s’intéresse à strictement rien d’autre que son sujet précis », super quoi, vive les échanges avec ce genre de type ! Aussi j’aimerais étudier les mécanismes de la douleur avec comme modèle animal le zebrafish, donc évidement, utilisation du poisson adulte et bien sûre autorisation éthique (chose que le labo sur Helsinki a d’ailleurs !). Puis le même mec, qui m’a sortie qu’il s’en foutait des poissons adultes, me sort que ce qui bosse sur la douleur chez le poisson sont mal vus (en fait quasiment personne bosse dessus) car ça risque d’entrainer les demandes d’expériences obligatoire pour l’utilisation de ce poisson ! J’avais juste envie de lui dire « oui mais mon coco, non seulement tu ne bosses que sur la larve 7 jours maximum, car tu n’as pas besoin de faire des demandes d’autorisation expérimental, en plus t’en a rien à foutre des autres sujets de recherche et enfin tu ne comprends pas que la recherche du domaine de la douleur c’est à but médical et non pour te faire chier au risque de te faire faire de la paperasse en plus. » m’enfin bon.

Enfin, j’en viens du coup à la dernière remarque sur ce zebrafish school, qui concerne le contenu des intervenants. Alors certes, étudier les bases du zebrafish c’est plus qu’utile, mais sur une semaine, seul le dernier intervenant nous à donner un véritable sujet d’étude concret de poisson zèbre comme animal modèle (celui de la pigmentation, il utilise la larve de zebrafish) d’une maladie humaine. Les autres non, ou alors c’était sous-entendu ! Etudier le reflex acoustique chez la larve de poisson (recherche utile !) et la diapo d’après parler dire que c’est un des problèmes chez les schizophrènes… bof quoi, d’ailleurs dans ce cas, le rat reste l’animal modèle à utiliser.

Bref, tout ça pour dire que le poisson zèbre est définitivement un modèle animal valable en fonction des mécanismes étudies, mais qu’évidement il ne remplace ni le rat, ni la souris. Sinon sur la feuille des remarques et suggestions concernant ce meeting, j’ai bien précisé qu’il faudrait plus de conférence sur le poisson adulte et son utilisation en tant qu’animal modèle

[Crédit photo]

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2 réactions à Compte rendu du meeting Zebrafish

  1. sol anne a écrit:

    J’ai bien aimé ton post sur Zebrafish et l’attitude de certains chercheurs, mais je présume que les intervenants sont finlandais… Il y a en France, au labo de biologie du développement de Toulouse, un chercheur qui bosse sur le développement du système nerveux (détermination neuronale) du Danio … je ne me rappelle pas qu’il ait besoin d’autorisation …
    Bon courage pour ta thèse … et bravo pour être partie si loin !

    • Helran a écrit:

      non les intervenants étaient justement de plusieurs pays l’un d’USA, l’autre d’UK et évidement du Finlandais.

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