Dernière chronique littéraire sur ce blog, les autres iront sur le blog Caput-Mortuum. Pour cette fin d’année, j’ai pu participer au partenariat Livraddict avec l’auteur Anouchka Palmerini et lire son livre Anthéa Minkowski contre Julien Ambord.
Anthéa Minkowski est espionne, elle bosse avec son pote (Mickey, alias Meg Ryan, un hacker) pour une boite de sécurité informatique et son job est d’infiltrer et espionner le réseau d’une banque pour prouver que leur système de sécurité n’est pas inviolable et celui de sa boîte est meilleur. Elle se retrouve donc comme « stagiaire » dans la banque et partage le bureau avec Julien Ambord, sexy, sublime, elle en craque. Pendant que Meg Ryan découvre des détournements de fond, Anthéa est prise pour cible par un tueur…. Mais qui ? Qui est le tueur ? Qui détourne les fonds ?
Alors, je viens de vous présenter ça comme un roman d’espionnage, ça l’est, sauf que c’est plus de la chick-lit espionnage en fait (chose que je ne savais pas et moi et la chick-lit ça fait zéro, enfin je pensais que c’était surtout basé sur de l’espionnage avec de l’humour à la chick-lit, mais en fait non, c’est chick-lit sur fond d’espionnage).
Donc au niveau histoire, c’est plus de l’espionnage basique dont j’ai d’ailleurs deviné très vite qui était dans le coup, mais aussi j’ai deviné le type de rôle que joue une autre personne dans l’histoire (pas exactement c’est vrai, mais du moins son côté).
Ceci dit, le début du livre commence vraiment bien, c’est bien chouette. De même pour la fin, malgré le fait que ce soit prévisible à des kilomètres. Disons, qu’ils se passent des trucs, de l’actions, des moments drôles, de la répartie et des répliques funs. Sauf que malheureusement, j’ai trouvé que tout le milieu du livre est planplan. En gros, ça commence bien puis ça s’essouffle pour revenir sur une fin pleine de péripéties. Surtout que toute cette moitié est très « chick-lit » à mon goût (je n’aime pas la chick-lit donc bon…. Mais j’y reviens un peu après), alors c’est vrai, au début et fin, ça l’est tout autant, mais au moins il se passe des trucs intéressants, autre que « Oh il est trop beau », « oh il sent trop bon, ça m’excite » , « oh j’aimerais trop lui caresser son corps de rêve, ça me fait mouiller ma culotte » (je n’exagère pas tant que ça).
Voilà, donc une histoire banale et très prévisible avec un début et une fin sympa mais dont le milieu s’essouffle pas mal, en tout cas à mon avis.
Par contre la plus part des personnages sont charismatiques et leurs relations sont intéressantes, ça donne lieu à des répliques bien fun des fois. Donc pour moi, un personnage charismatique ne laisse pas indifférent, pour faire simple, on l’aime ou on le déteste. Pour faire un petit tour de table rapide (mais je n’entre pas dans les détails, je préfère vous laisser les découvrir) : Prunille (meilleure amie d’Anthéa) je ne peux pas la piffer, elle m’énerve. Tout comme Cédric, trop gentil, trop con avec sa tirade de fin bien énervante et fausse d’ailleurs (les femmes aiment l’argent…). J’ai adoré le personnage de Mickey, il est bien fun et mon personnage préféré c’est Jézabel (et non, je ne suis pas gothique), courte apparition à deux reprises mais bizarrement, elle m’éclate, j’aurais aimé la voir plus. Enfin, et bizarrement, je trouve que les deux personnages principaux sont les moins intéressants, Anthéa et Julien. Disons, qu’ils ne me font aucun effet, en fait je les trouve même ennuyant, ce n’est pas le genre de personne qui me donne envie d’aller discuter avec. D’ailleurs, quand on pense à l’histoire d’espionnage et de détournement de fond, ce n’est pas eux qui font le boulot, c’est Mickey surtout, je veux dire, que Julien et Anthéa sont surtout là aux mauvais/bons moments et finalement, on ne sait pas ce qu’ils font, ni en quoi ils font avancer l’affaire. En fait, c’est les situations dans lesquels ils se retrouvent par mégarde qui aide, pas leur expertise, d’ailleurs cela m’a tout même assez ennuyée finalement. Car le coup du « Cédric ou Julien ? »… merci mais à part ça, l’enquête à avancer grâce aux trouvailles de Mickey principalement.
Tout ça pour dire, qu’un peu de chick-lit ça ne me dérange pas si l’enquête et l’intrigue sont intéressantes, ça peut même être fun. Mais lorsque c’est quasi que du chick-lit ça m’ennuie profondément.
Au niveau de la forme, il y a 42 chapitres + épilogue (et accessoirement un deuxième tome est prévu). En fait, le choix de l’auteur s’est porté sur des successions de paragraphes qui alternent les personnages dans un même chapitre. En gros, on switch de personnage plusieurs fois dans un même chapitre. C’est d’ailleurs plutôt bien fait. Disons que c’est sympa de savoir qui fait quoi durant une même période de temps.
Par contre, là où sa pêche énormément, c’est le style. Aïe. Deux choses qui m’ont vraiment marquée et qui fait que j’ai eu du mal avec ce livre :
La sur répétition de verbe ou expression. Pour l’expression, on a le droit à une sur répétition de « Et joignant le geste à la parole ». Pour le verbe, c’est « Maugréer », alors celui-là, on le trouve tellement de fois que ça alourdie le texte et ça devient vraiment lassant. D’ailleurs voici un dictionnaire des synonymes en ligne et gratuit qui est excellent. Bon ça encore, ce n’est pas vraiment si gênant que ça non plus. C’est de la sur-répétition d’un verbe et une expression (le « maugréer » m’a tellement achevée que le reste ne m’a pas spécialement choqué).
Le gros problème provient de ce que je vais appeler « l’incohérence de narration » (ça a surement un autre nom d’ailleurs) et franchement, quand on s’en rend compte, ça ne pardonne pas. En gros, j’avais cru repérer des erreurs de narration à plusieurs reprises dans le livre mais je me suis dit que c’est moi qui avait mal lu, jusqu’au moment où j’en trouve une horriblement grosse. La voici. Pour information, cette scène se passe dans une pièce où seul Sara et Julien y discute seul à seul. Anthéa est à des kilomètres de là et elle n’est même pas au courant qu’ils avaient rendez-vous ce soir-là, ni où du coup. Ce qui me choque est en gras et entre parenthèse sont mes annotations pour vous expliquer qui dit quoi à qui.
(Sara dit à Julien) « – Pour la même raison qu’il a vandalisé ta voiture, probablement. Cette banque est remplie de gens suspects. La seule qui est au-dessus de tout soupçon, c’est cette abrutie de stagiaire qui te colle aux basques. Elle est bien trop cruche pour détourner de l’argent dans une banque ! » (Abrutie de stagiaire fait référence à Anthéa Minkowski, l’héroïne principal du livre donc)
Julien sourit. Il pensa à moi et sentit soudain ses pensées voguer vers des terres lointaines où il faisait toujours beau. Il ne répondit pas.
Puis, il demanda : (Julien qui demande à Sara)
« Ainsi, tu crois que c’est (XXX, pour ne pas vous « spoile ») qui a causé ces dégâts à ma voiture ? »
Alors, il faut savoir que j’ai lu et relu ce passage pour savoir à qui faisait référence le « il pense à moi », car dès le début, j’avais bien compris que le moi = Anthéa Minkowski. Sauf que c’est du gros WTF là. Nan mais sérieusement, comment peut-on écrire « Il pense à moi », narration d’une personne qui est à des plombes du lieu de la conversation et qui donc n’y participe même pas. Un don de télékinésie ?! Oo Si encore c’était « Il pense à Anthéa », ça ira parfaitement, mais IL PENSE A MOI ? Oo Gné ? Mais d’où tu sais qu’il pense à toi ? Et le pire c’est qu’il me semble avoir vu ce même genre d’erreur avant, sauf que je n’avais vraiment pas envie de me retaper le livre pour confirmer ça et annoter les passages.
Alors, ça peut paraître con, mais le combo : sur-utilisation du verbe maugréer + histoire d’espionnage basique dont on devenir largement la fin dès quasiment le début + passage creux au milieu du livre + erreur de narration + style d’écriture ultra basique, pas spécialement agréable, ni vraiment désagréable en fait (+ chick-lit, ohlalala il est sex, je mouille ma culotte d’une fontaine de jouvence… ok, là c’est une histoire de goût, donc je ne peux rien dire) = ça ne passe pas. J’ai failli abandonner le livre à plusieurs reprises, ou du moins aller directement au dernier chapitre, histoire de confirmer mon hypothèse qui était complète en milieu de livre. Et ce même si certains personnages sont charismatiques et qu’il y a des passages drôles, en plus de certains moments d’action intéressants.
Enfin, juste pour signaler des coquilles techniques, rien de méchant, juste des erreurs d’oubli à la noix : Tout au début du premier paragraphe, il manque une ouverture ou fermeture de parenthèse et au début du 2ème chapitre, dans la succession des évènements avec horaire, le 7h25 arrive avant le 7h20.
En conclusion, je pense que ce livre s’adresse vraiment à un public fan de chick-lit, pas trop exigeante en matière d’investigation/intrigue et ni concernant le style et les incohérences.